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Manie Manie

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.9/5

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visiteurnote
White Snake 4.5
Zalem 4.25
k-chan 4.25
chronofixer 4
Newport 3.75
popoyo 3.25
Mounir 3.25
Bama Dillert 3.25
Simon VD 3


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

du beau travail

je suis pas un fan hardcore d'animé mais là, c'est du tout bon. le principe de grouper 3 courts qui ont plus ou moins la même thématique fonctionne bien. -le 1er: magnifique, somptueux, à l'imagination et la créativité débordante, dommage que ce soit juste une sorte de démo, il n'y a pas d'histoire. l'ambiance est largement du niveau des Myiazaki, ça aurait mérité une vraie histoire sur une longue durée. envoutant.... -le 2eme est celui qui m'a le moins plu, pourtant les courses futuristes j'adore ça et c'est joliment rendu, le truc c'est qu'on s'ennuie un peu, pas assez prenant. dommage car là aussi il y a du potentiel -le 3eme est le plus construit au niveau scénar, l'univers est excellent, une jungle urbaine, complètement décrêpi, à l'abandon, en cours de reconstruction par des robots, à voir pour les fans de cyberculture. j'ai bien accroché, la fin est sympa, même si je serais bien parti là encore pour une heure de plus. globalement, les ambiances sont intéressantes, l'animation très réussie, rien à redire. c'est juste que le contenu aurait pu être un peu plus étoffé. à voir de toute façon.

17 juillet 2004
par chronofixer


Les trois font la paire.

Top ! Je suis un animé réalisé en 1987. Dit omnibus, je suis composé de 3 sketchs distincts, chacun réalisés par un grand nom de l'animation japonaise, à savoir Rintrarô, Yoshiaki Kawajiri et Katshuhiro Otomo. Peu connu du grand public, je mériterais cependant une plus grande reconnaissance. Je suis ? Je suis ? Manie Manie Meikyu Monogatari. En 1987, Rintarô est déjà un réalisateur connu, fort d'une filmographie imposante (Albator, Galaxy Express, Kamui, etc...). On le retrouve ici aux commandes du premier sketch, intitulé Labyrinthe et qui fait office d'introduction et de conclusion à l'anime. L'histoire est celle d'une jeune fille, Sachi, qui accompagnée de son chat Cicéron, est projetée dans un monde parallèle à travers un miroir. D'emblée, on est marqué par le style graphique de l'oeuvre. Sachi déambule dans un monde mystérieux, où le réalisateur s'amuse avec les jeux d'ombres et de lumières, avec les perspectives et les formes, dépeint une succession de tableaux tantôt oniriques, tantôt cauchemardesques, tous plus improbables les uns que les autres. Le résultat de cette expérimentation graphique n'est pas sans rappeler certaines peintures de Salvadore Dali. Car Rintarô étoffe ce voyage poétique vers l'étrange et l'inquiétant de nombreuses allusions à la culture occidentale. Hommage au surréalisme donc, mais aussi clin d'oeil au travers le scénario à l'ouvrage Alice aux pays des merveilles de Lewis Caroll. Sans oublier le personnage du clown qui s'apparente à Pierrot ou encore le chat Cicéron, dont le nom est celui d'un célèbre philosophe romain. Au final, ce sketch est une véritable réussite, hymne à la créativité et à l'imagination, en dehors de toute contrainte commerciale. Revers de la médaille, Labyrinthe se veut surtout contemplatif. Sans véritable enjeux, l'oeuvre ne sera sans doute pas accessible à tous, surtout à celui qui n'adhère pas aux choix artistiques de Rintarô. Qu'on adore ou qu'on déteste, personne ne restera en tout cas indifférent devant ce spectacle d'une durée de 13 minutes. Les festivités enchaînent avec L'homme qui courait, le 2eme sketch de cette trilogie. Réalisé par un Kawajiri Yoshiaki encore méconnu à l'époque, l'histoire prend place dans un futur hypothétique où le public vibre aux grès de courses automobiles d'une violence extrême (rappelant F-Zero et Wipeout pour ceux qui s'y connaissent en jeux vidéo) et qui se terminent en général par la mort de tous les concurrents. Zack Hew est une exception, et sa longévité dans le milieu, qui lui a valu le surnom de Zack-la-mort, attise la curiosité d'un journaliste. Celui-ci ne tarde pas à découvrir le secret du champion : la volonté de vivre, d'être le meilleur, à conduit Zach à développer une relation fusionnelle avec sa monture, ce qui lui permet de se débarrasser facilement de ses adversaires. Mais repoussant sans cesse les limites de ses capacités physiques et psychiques, Zach se consume progressivement, perdant le contrôle de sa propre volonté. Le parti-pris est de privilégier la piste réflexive à l'action, reléguée au second plan. L'homme qui courait n'est en aucun cas un anime à grand spectacle avec des courses automobiles dantesques mais plutôt une métaphore sur le rapport qu'entretient l'homme et la machine, la fusion de Zach et de la voiture symbolisant la déshumanisation de l'individu. Kawajiri s'attarde ainsi beaucoup plus sur le héros que sur les courses en elle-même. Il multiplie les plans sur le visage défiguré par la douleur d'un Zach en transe, dont on suit la descente aux enfers jusqu'a la fin inéluctable. Pour servir son sujet, Kawajiri utilise un style qui sera le sien plus tard, prouvant une fois de plus qu'il n'a pas son pareil pour créer des ambiances glauques et oppressantes. Son trait est dur, laissant presque à penser que tel un écorché vif, il extériorise ses propres souffrances par le dessin. Les couleurs sont à dominantes froides et seules les explosions des véhicules en flammes, qui n'en sont pas moins synonymes de mort, jurent avec l'ensemble. Kawajiri s'amuse également à brouiller les pistes, mélangeant des phases de courses réels avec des phases de simulation. Le "vrai" ne se distingue plus du "faux", un peu comme-ci le scénario était lui-même gangrené par la folie du pilote. Vous l'aurez compris, ce sketch, bien que plus classique que le premier constitue un ouvrage de qualité, de part sa thématique et son ambiance si particulière. Le 3eme et dernier sketch est signé Katsuhiro Otomo, qui réalisera un an plus tard l'adaptation de son chef-d'oeuvre Akira. Direction cette fois-ci une usine automatisée paumée en pleine jungle, où est dépêché Sugioka, jeune superviseur de travaux publics et dont la mission est double : retrouver le chef de chantier, seul présence humaine dans l'usine et qui a mystérieusement disparu et mettre fin aux travaux. Arrêtez le travail !, c'est d'ailleurs le titre de ce sketch. Sur place, Sugioka ne peut que constater l'ampleur des dégâts. Les machines sont devenues incontrôlables. Elles continuent inlassablement leur travail, refusant toutes nouvelles directives, allant même jusqu'a le kidnapper. Sans compter que le chef de chantier demeure introuvable. Là encore, le message est fort. Sur un ton sarcastique et ironique, Otomo met en garde l'espèce humaine qui s'est lancée dans une course à la technologie effrénée, qui joue à l'apprenti sorcier au risque de perdre un jour le contrôle de sa créature. Cette vision prophétique (?) d'un monde futur où la machine aura remplacé l'homme, remettant dès lors en cause la place de celui-ci dans la mesure où ce qui n'est plus utile n'a plus lieu d'exister, n'en reste malheureusement pas moins trop classique. Le sketch donne l'impression d'être une répétition générale avant le grand déballage Akira et c'est d'ailleurs sans surprise que l'on retrouve des personnes communes dans le staff technique de ces deux oeuvres. Quant au thème (l'abus des technologies), Otomo le reprend à outrance, telle une peur latente qui parcours son oeuvre. Quel bilan tirer au final de Manie Manie ? L'anime propose 3 courts métrages, regroupés autour d'une idée commune, mais qui sont très différents les uns des autres, chacun avec ses qualités et ses défauts. A Labyrinthe, on peut reprocher son côté trop contemplatif et intimiste, presque ennuyeux, limitant fortement son accessibilité. Et là où Rintarô semble avoir laissé totalement s'exprimer sa fibre artistique, on peut reprocher leur manque d'originalité graphique et scénaristique aux travaux de Kawajiri et d'Otomo. Ce constat s'explique en fait par le poids des années, qui pèse sur ces deux derniers sketchs. En 1987, L'homme qui courait et Arrêtez le travail ! , conçus par deux réalisateurs méconnus, étaient indéniablement novateurs. Mais aujourd'hui, la situation a changé. L'univers de Kawajiri tout comme celui d'Otomo est connu d'une grande partie du public, aussi la vision de ces sketchs vieux de plus de 15 ans ne surprendra personne. A titre d'illustration, les observateurs avaient vanté en 1987 leur originalité esthétique, loin des standards habituels de l'animation japonaise. Avec du recul, on constate que Kawajiri et Otomo ne faisaient qu'affiner et affirmer un style qu'ils réinvestiront par la suite dans leurs autres oeuvres. Il n'y avait donc pas là de véritable expérimentation graphique. Si Rintarô parvient pour sa part à nous surprendre encore, c'est parce que ce réalisateur ne possède pas de style propre. Il est surtout connu pour sa faculté à faire sien l'univers d'autrui, d'où une filmographie très hétérogène. Pourtant, l'impression d'ensemble qui se dégage de l'anime est bel et bien positive. Dans l'absolu, le travail fourni demeure de qualité et les thèmes abordés sont quoiqu'il en soit intéressants. Et surtout on ne peut que se réjouir de l'existence d'anime comme Manie Manie, où les intérêts économiques sont totalement secondaires, le plus important étant de laisser les artistes s'exprimer.

06 août 2006
par popoyo


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